Aujourd’hui est un jour historique : le Sénat s’est réuni pour inscrire dans la constitution française l’interdiction de la peine de mort.Plus de vingt cinq ans après la loi sur l’abolition de la peine de mort en France, cette abolition acquiert aujourd’hui valeur constitutionnelle, la plaçant au plus haut sommet de la hiérarchie des normes, à l’abri désormais de toute velléité de retour en arrière législatif. Rappelons-nous effectivement qu’en 2004, 47 députés issus de l’actuelle majorité avaient déposé une proposition de loi tendant à rétablir la peine de mort. Ce ne sera heureusement plus possible à l’avenir.
Si l’on ne peut que se réjouir de cette décision, le chemin à parcourir est encore long pour que l’abolition de la peine capitale devienne effective partout sur la planète, de nombreux pays dont la Chine et les Etats-Unis ayant encore recours à cette peine indigne du XXIe siècle. La décision française d’aujourd’hui a donc une valeur nationale et internationale fondamentale.
Néanmoins, il subsiste encore en France à l’heure actuelle des peines inhumaines et dégradantes indignes de notre République, des peines de mort déguisées, car longues et insidieuses : les condamnations à perpétuité et autres très longues peines d’emprisonnement incompressibles. Lorsque l’on est emprisonné pour le reste de sa vie, sans aucune perspective de sortie, c’est bel et bien d’une peine de mort qu’il s’agit, d’une mort à petits feux. Ne perdons pas de vue que de nombreux rapports, dont celui du commissaire européen aux droits de l’homme Gil Roblès, critiquent notre système carcéral et les conditions de vie de nos prisonniers.
Alors par cohérence avec les valeurs humanistes dont nous avons fait preuve ce jour, améliorons notre système carcéral et bannissons également de notre code pénal les condamnations à perpétuité et autres très longues peines sans perspective de réinsertion. Notre République pourra alors incarner pleinement toutes les valeurs humanistes qu’elle prétend porter à travers le monde.
A. Boumediene-Thiery
P.S. :
– Lire également : Interdiction de la peine de mort (intervention de Noël Mamère)