Plus d’un tiers des prisons en France sont touchées par le prosélytisme islamiste.
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Plus d’un tiers des prisons en France sont touchées par le prosélytisme islamiste, selon un rapport des services de renseignements de la police française. Les renseignements généraux (RG) ont recensé en 2005 175 islamistes se livrant dans 68 prisons (sur 188) à des activités prosélytes, dans un rapport dont des extraits ont été publiés, vendredi 13 janvier, par le journal Le Figaro.

Quelques mois après l’avoir qualifié de « bombe à retardement » dans un autre document, les RG confirment la réalité du problème, avec quelque 200 actions prosélytes repérées : incitations à prier en groupe (30 % des cas), pressions sur les codétenus (20 %), demandes de locaux de culte ou d’acquisition de tapis de prière. Parmi les 175 détenus, une trentaine de musulmans écroués dans des dossiers de terrorisme et une vingtaine de convertis à l’islam radical inquiètent particulièrement les services de renseignement.

Mais le rapport permet aussi de relativiser le problème : les RG jugent que le risque de basculement dans le terrorisme ne concerne qu’une demi-douzaine de personnes.

Par ailleurs, l’influence en prison de la mouvance Tabligh (« le message », mouvement rigoriste et fondamentaliste indo-pakistanais installé en France depuis 1972, plutôt modéré) reste prépondérante, même si la percée du salafisme, qui prône la violence et le rejet de l’Occident, est « de plus en plus forte ». « Les islamistes ont un prestige énorme en prison. Ils ont mis en danger leur vie. Ce sont des héros et en cela ils ont une audience, assure Farhad Khosrokhavar, sociologue, auteur du livre L’Islam dans les prisons. Même les non-pratiquants y sont sensibles car c’est aussi une façon de vous venger d’une société qui vous a humilié, rabaissé. »

AUMÔNIERS MUSULMANS

L’organisation de l’islam en détention, préoccupation majeure de l’administration pénitentiaire depuis plusieurs mois, est notamment du ressort du premier aumônier national musulman des prisons, Moulay El-Hassan El-Alaoui Talibi.

A sa nomination en septembre par le Conseil français du culte musulman, ce religieux, imam de la prison de Loos (Nord) depuis plusieurs années, avait dit sa volonté d' »enseigner une interprétation correcte de l’islam », de « compléter la formation » des imams en poste dans les établissements pénitentiaires et de doubler leur nombre. Ils étaient 66 en mai (contre 482 représentants du culte catholique).

Il convient d' »asseoir leur légitimité pour les protéger d’imams extrémistes autoproclamés et incontrôlables », relève un spécialiste du renseignement. Cette source raconte comment un islamiste algérien condamné en 2003 pour avoir alimenté en armes les maquis du GIA (Groupe islamique armé) s’était imposé dans sa prison de la banlieue parisienne, attirant « en très peu de temps » les fidèles par des prêches enflammés tandis que ceux de l’aumônier officiel étaient désertés. Plusieurs affaires récentes ont également illustré le risque de voir des détenus de droit commun sombrer dans l’islamisme le plus radical par la fréquentation d’activistes emprisonnés. Aussi les autorités gardent-elles un œil sur les islamistes qui sortent de prison, n’hésitant pas à les éloigner du territoire quand ils sont étrangers. Sur la cinquantaine d’islamistes expulsés depuis 2003 ou susceptibles de l’être, la moitié a connu la prison. Mais, relèvent les RG, 70 % des 175 prédicateurs repérés sont français.

Avec AFP


P.S. :
Lire sur le site Le Monde