Beaucoup de bruits pour rien
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Après de multiples reports, la loi pénitentiaire a enfin été présentée en conseil des ministres aujourd’hui. Attendue depuis des années par les personnes détenues, leurs familles, les personnels de l’Administration pénitentiaire et les associations, cette loi devait être une réponse à l’échec de notre système pénitentiaire, machine à fabriquer de la récidive et à détruire les individus.
Et la déception est à la mesure de l’attente, la « grande loi fondatrice » accouchant d’une souris.

Les maigres avancées (téléphone, domiciliation…) n’avaient pas besoin d’une loi, des décrets suffisaient pour qu’elles soient mises en place. Quant à l’assignation à résidence, elle constitue surtout un outil pour dépenser moins en enfermant plus.
Dans un contexte de saturation des prisons, et vu le bilan du bracelet électronique concernant les condamnés, il serait surprenant qu’elles permettent le désengorgement des maisons d’arrêt.

Les oublis sont nombreux.
Les cellules continueront à être surpeuplés (une nouvelle fois l’application de l’encellulement individuel est repoussée de cinq ans…), les condamnées en comparution immédiate à des courtes peines continueront à être enfermés (au contraire des personnes jugées en audiences normales), la règle européenne imposant un droit d’expression collective continuera a être bafouée, la libération conditionnelle malgré ses excellents résultats continuera à être sous-utilisée en France (qui en la matière est à l’arrière banc de l’Europe) et, en l’absence de parloirs aménagés pour la vie intime, la sexualité des détenus et de leurs conjoints continuera à s’exercer dans des conditions humiliantes pour tous.

En 2000 les sénateurs français intitulaient leur rapport Prisons : une humiliation pour la République. Depuis les rapports se sont accumulés, alourdissant à chaque fois ce constat. Interrogé en mai dernier sur les droits de l’homme en Russie, Vladimir Poutine rétorqua « quelle est la situation dans les prisons françaises ? Je suis sûr qu’il y a de nombreux problèmes ». Qu’un dirigeant aussi irrespectueux des principes démocratiques nous fasse la leçon est choquant.
Mais vu la faiblesse de cette loi, nous continuerons encore longtemps à avoir honte de nos prisons.

Secrétariat national
Les Verts