Il y a 12 ans, un rapport du Sénat avait été intitulé « Prisons : une humiliation pour la République ». Depuis rien, ou presque, n’a changé. Le rapport accablant sur la prison des Baumettes de Marseille, remis en urgence par le Contrôleur général des lieux de privation des libertés, le rappelle aujourd’hui. Le constat est douloureux.
Le Contrôleur évoque une « violation grave des droits fondamentaux ». Une prison insalubre, où les rats pullulent, où la majorité des douches ne fonctionne pas et où le personnel doit gérer une prison surpeuplée. L’état des Baumettes est honteux, autant pour les personnes qui y sont détenues que pour celles qui y travaillent.
Le taux d’occupation y est de 145,80 % et la prison doit désencombrer des prisons avoisinantes moins surpeuplées mais sous gestion privée et où toute sur-occupation entraîne le versement de pénalités par l’Etat (ce qui n’est pas le cas des prisons publiques). C’est une condamnation de la politique de privatisation des prisons, par ailleurs ruineuse et inadaptée, menée par la droite depuis 25 ans.
Il faut d’urgence que les recommandations du Contrôleur général des lieux de privation des libertés soient appliquées. Au-delà, c’est un changement de politique carcérale qui est nécessaire : enfermer toujours plus n’a pas de sens, quand aucune politique sérieuse de réinsertion ne peut être menée. Au lieu de construire des prisons pour mieux les remplir, investissons dans la lutte contre la récidive et pour la réinsertion. La politique du « tout-carcéral » a mené à une impasse. Il faut en sortir.
Elise Lowy et Jean-Philippe Magnen, porte-parole d’EELV