Détenu à Rouen, Cyril Khider a entamé une grève de la faim et porte plainte contre l’administration pénitentiaire pour agression sexuelle et atteinte à la dignité.
Cyril Khider, détenu à la maison d’arrêt de Rouen, a, depuis le 18 novembre, entamé une grève de la faim et de la soif, après avoir été victime de torture en prison depuis quatre ans.
Sa mère Claude Charles-Catherine a lancé, lundi dernier, avec le soutien de la sénatrice GCRC (Groupe communiste républicain et citoyen) Hélène Luc et celui de l’association « Défense des Citoyens », un appel à saisir la Commission nationale de Déontologie de la Sécurité.
Cyril Khider a, il y a peu, décidé de porter plainte -et de se constituer partie civile avec son avocate Me Boesel- contre l’administration pénitentiaire pour « agression sexuelle » et « atteinte à la dignité ». Plainte qui avait, d’abord, été classée sans suite par les instances internes.
Courrier à la CEDH
Il a ainsi adressé un courrier, pour faire connaître sa situation, à l’Observatoire international des prisons, à plusieurs députés, au médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, au Comité européen pour la prévention des peines ou traitements inhumains et dégradants et à la Cour européenne des droits de l’Homme.
Cyril Khider a été incarcéré en août 2001, après avoir tenté de libérer par hélicoptère son frère, Christophe, détenu à la prison de Fresnes.
D’abord mis en isolement à Nanterre, il dénonce, dans sa lettre, ses conditions d’incarcération. Il ne lui est alors permis de suivre aucun sport ni formation scolaire. La nuit, des gardiens tambourinent à sa porte.
Puis, avant la fin de l’année 2001, il est transféré à Fleury-Mérogis (Essonne). A l’été 2002, il arrive à la maison d’arrêt de Villepinte où il subit encore des « exactions » du personnel surveillant (crachat dans la nourriture, privation de parloirs, menaces de mort, fouilles au corps quotidiennes…). Il est, par la suite, muté à la prison d’Osny et, le 8 novembre 2003, à Rouen, à 130 km de chez lui. Il retourne après à Nanterre pour trois mois et à nouveau, à Fleury-Mérogis à l’été 2004.
Ensuite, il est envoyé à la maison d’arrêt de Liancourt pendant deux mois et à La Santé huit jours, avant de revenir à Fleury pour huit mois. Il est actuellement incarcéré à la prison de Rouen.
Déplacements incessants
Ses déplacements -au nombre d’une dizaine en quatre ans- seront, à chaque fois, justifiés « sous le prétexte de préparation d’une tentative d’évasion ».
Il a connu le quartier disciplinaire (4m2) pendant 95 jours quand la loi ne l’autorise que 45 jours.
Pour Cyril Khider, « personne ne semble s’émouvoir outre mesure de ce qui se passe dans nos prisons. Il est bien plus facile de donner des cours de morale à des pays comme l’Irak quand un(e) soldat(e) humilie un prisonnier. »
Le procès de Cyril Khider est prévu en mai prochain.
Un autre détenu, Pascal Payet, incarcéré à Metz, est aussi en grève de la faim, depuis une semaine, pour dénoncer le fait d’être sans arrêt déplacé.
- Issu du Nouvel Observateur
01.12.05