Délinquance : les silences du rapport Bockel
Partager

Par DJAMILA SONZOGNI Porte-parole nationale des Verts

Le rapport Bockel sur la prévention de la délinquance juvénile est complètement hors-sol. Pas une ligne sur la dimension sociale : précarité, chômage, mal logement, ghettoïsation. Il faut attendre la page 41 pour que soit évoquée la prévention spécialisée. L’Education nationale est au centre de cette mission rédemptrice, mais pas un mot sur la suppression de milliers de postes – profs, psychologues, emplois de vie scolaire… – ni sur la mise au rebut de la carte scolaire. Les responsables sont tout désignés : les enfants d’immigrés et leurs parents, qu’il faut sanctionner.

Alors que ses propositions relèvent plus du patronage que d’une politique nationale, le secrétaire d’Etat sans portefeuille prétend compenser le désengagement de l’Etat de l’Education nationale, son recul en matière de prévention spécialisée, et même remplacer un «plan Marshall des banlieues» mort-né. Il veut contraindre, sous peine de sanction, des parents à suivre des cours de français, alors que des milliers d’entre eux espèrent une place qu’ils n’obtiendront pas, parce que l’Etat ne soutient plus ces formations. Il revient de façon déguisée sur le fichage des tout-petits. Il propose de former les enseignants à la connaissance des phénomènes migratoires alors que Sarkozy supprime la formation des enseignants. Quel silence, en revanche, sur les discriminations et le lien distendu entre police et citoyens.

Ce n’est ni aux maires et encore moins à des coordinations bidons de se substituer à la justice, à la prévention spécialisée, à l’Education nationale. Ce sont les moyens de la justice des mineurs et de la prévention spécialisée qu’il faut renforcer. C’est l’Education nationale qu’il faut arrêter de démanteler. Le suivi des jeunes (et de leur famille) ayant commis un délit existe déjà, mais sans les moyens suffisants. Pour lutter contre la délinquance juvénile et le décrochage scolaire, il faut commencer par rétablir la justice sociale et l’égalité des droits. Mais il est plus facile de proposer des mesures nauséabondes et sarko-compatibles pour s’assurer un strapontin au prochain remaniement.