Intervention Noël Mamère – Maîtrise de l’immigration
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Intervention de Noël Mamère (explication de vote) sur le texte de la commission mixte paritaire sur la loi maîtrise de l’immigration, prononcée le mardi 23 octobre dans l’hémicycle.EXPLICATIONS DE VOTE

M. Noël Mamère – Nous sommes appelés à un vote solennel, mais aussi empreint de gravité. Lorsque les historiens se pencheront sur ce qui s’est passé aujourd’hui, ils constateront que nous avons écrit une bien triste page de notre histoire, et que nous avons manqué à la vocation de notre pays (Protestations sur les bancs du groupe UMP). Avant d’être Président de la République, M. Sarkozy a été ministre de l’intérieur ; il appartenait à une majorité qui siège toujours sur ces bancs. À quatre reprises déjà, vous avez transformé les immigrés en boucs émissaires ; et vous êtes en train de rembourser la dette que vous aviez vis-à-vis de l’extrême droite, qui a permis au Président de la République d’entrer à l’Élysée ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC ; vives protestations sur les bancs du groupe UMP) À toutes ces lois ignobles, vous ajoutez aujourd’hui une disposition scélérate ! (Nouvelles protestations sur les bancs du groupe UMP)

Quelles que soient les explications que vous nous donnez, quels que soient les compromis honteux qui ont été passés au Sénat, ces tests ADN introduisent la peste biologique dans la loi ! Il sont contraires à l’avis du Comité d’éthique, aux lois bioéthique, aux droits fondamentaux et à la Constitution ! Par cette nouvelle loi, vous instituez la xénophobie d’État ! (Vives protestations sur les bancs du groupe UMP ; applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC) Vous stigmatisez une partie de la population, que vous excluez du contrat social ! (Mêmes mouvements) Mais cette disposition est en fait un leurre, dissimulant un texte qui vise tout entier à casser la loi autorisant le regroupement familial votée sous le président Giscard d’Estaing.

Vous avez porté un coup d’arrêt au regroupement familial, et vous grignotez maintenant le droit d’asile : en mettant l’OFPRA sous la coupe du ministère de l’immigration et de l’identité nationale, vous dites bien que vous entendez faire de l’étranger l’indésirable, et de l’immigré le profiteur qui n’aurait pas le droit de vivre en famille selon les principes de la Constitution et de la Convention européenne des droits de l’Homme (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC). Ceux qui vous intéressent, ce sont les immigrés célibataires et qualifiés qui peuvent servir de bonne main-d’œuvre, selon les besoins du patronat. Vous n’aimez pas les couleurs de cette nouvelle immigration, qui vient des pays que nous avons colonisés. Je n’oublie pas que cette loi vient après les propos tenus par le Président de la République à Dakar, qui ont couvert notre pays de honte et provoqué chez les Africains une juste indignation ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC ; vives protestations sur les bancs du groupe UMP) Je n’oublie pas que, sous la précédente législature, certains de vos collègues ont osé introduire un amendement affirmant que la colonisation avait été un bienfait ! Le texte que vous nous proposez aujourd’hui est directement inspiré par cet état d’esprit !

M. Christian Vanneste – Vous détestez votre pays, Monsieur Mamère !

M. Noël Mamère – Vous nous dites que vous avez voulu cette loi au nom des valeurs de la République, et c’est au nom de ces valeurs que vous demandez à ceux qui souhaitent le regroupement familial de posséder la langue française. Si on avait demandé aux parents ou aux grands-parents du Président de la République, de M. Balladur, de Mme Amara ou de Mme Dati de parler le français, auraient-ils pu vivre ici ? Leurs enfants et leurs petits-enfants seraient-ils aujourd’hui membres du Gouvernement ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC ; protestations sur les bancs du groupe UMP)

M. le Président – Veuillez conclure.

M. Noël Mamère – Le Président de la République a demandé que soit lue dans les écoles, le 22 octobre, la lettre de Guy Môquet, ce résistant communiste qui a résisté aux côtés de la MOI, de Manouchian, qui ont été considérés comme des immigrés et assassinés en 1944. Leur avait-on demandé de parler le français ? Ils sont morts pour la France, parce qu’ils croyaient en elle ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC)