Le Conseil de l’Europe dénonce l’état alarmant des prisons françaises.
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Le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Alvaro Gil-Robles, a dénoncé, jeudi 22 septembre, l’état déplorable des prisons françaises.Au terme d’une mission dans 32 Etats européens, dont seize jours passés en France, qui donnera lieu à un rapport en novembre, M. Gil-Robles a classé les prisons françaises parmi les pires d’Europe. Dans un entretien au quotidien Libération, il a notamment qualifié d' » endroit répugnant  » la prison marseillaise des Baumettes.

L’Observatoire international des prisons (OIP), l’association qui défend les droits des détenus, situe le constat de M. Gil-Robles « dans la droite ligne » d’un rapport très critique de 2003 du Comité européen de prévention de la torture. Ces conditions de détention ont des « conséquences désastreuses pour les personnes détenues, pour les personnels et in fine pour la société toute entière« , souligne Jean Bérard, de l’OIP.

Le rapport du Conseil de l’Europe vient renforcer le propos des syndicats de magistrats et des gardiens de prison. Le président de l’Union syndicale des magistrats (majoritaire), Dominique Barella, a déclaré ne pas trouver « étonnant qu’avec un budget de la justice par habitant en 23e position européenne, on ne soit pas capable de respecter (…) la dignité humaine« .

« DES CONDITIONS INHUMAINES »

Pour Christophe Marques, secrétaire général du syndicat de gardiens de prison FO-pénitentiaire, Alvaro Gil-Robles met en évidence « des conditions inhumaines qui ne favorisent pas la réinsertion des détenus et fabriquent de la récidive« . Quant au Snepap-FSU, le syndicat majoritaire parmi les travailleurs sociaux de l’administration pénitentiaire, les conditions de détention sont « régulièrement dénoncées sans que le ministère de la justice prenne des mesures efficaces« .

La chancellerie a fait valoir que la situation aux Baumettes « s’est nettement améliorée depuis deux ans » avec l’ouverture de nouveaux établissements à Toulon et Avignon, et un programme de rénovation complet d’un montant de 134 millions d’euros qui commencera « dès cette fin d’année« . Un appel d’offres a en outre été lancé au mois de juillet 2004 pour la construction d’une vingtaine de prisons, dont les premières – des « établissements pour mineurs » – vont ouvrir « en 2007« , a assuré le ministère.

La surpopulation – le taux était de 110,7 % au 1er septembre – et les conditions de vie dans les prisons sont dénoncées périodiquement. En 2000, le livre du médecin-chef de la prison de la Santé, Véronique Vasseur, avait fait l’effet d’une bombe. Ses révélations avaient entraîné la création d’une commission d’enquête parlementaire et la possibilité pour les députés et sénateurs de visiter à leur guise tous les lieux de détention.

Le Monde
Avec AFP


La surpopulation carcérale de la France comme celle de nombreux pays européens est pointée par le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Alvaro Gil-Robles.

Selon les chiffres les plus récents fournis par l’administration pénitentiaire, le nombre de personnes incarcérées en France au 1er septembre 2005 était de 56 595, alors que la capacité des prisons était de 51 129 places, en diminution de 2,5 % par rapport au 1er août. Au 1er septembre, la densité carcérale, indice de la surpopulation, s’établissait à 110,7 % contre 113,5 % au 1er août.

Selon des données datant de 2003, fournies par le Conseil de l’Europe, le taux de densité carcérale atteignait 95,5 % dans le Royaume- Uni, 95 % aux Pays-Bas et descendait jusqu’à 80,9 % en Suisse.

La surpopulation était atteinte en Allemagne avec un indice de 101,9 %, 107,4 % en Belgique, 114,1 % en Espagne, 134,2 % en Italie, et grimpait jusqu’à 159,5 % en Bulgarie.