Le « mai 68 à l’envers »
Partager

Malgré les protestations des lycéens, des parents d’élèves, des syndicats d’enseignants et de l’opposition parlementaire, le ministre Fillon a décidé de maintenir sur projet de loi sur l’école qui a mobilisé l’ensemble de la communauté éducative contre lui. Ses divers reculs sont loin d’être acquis, et beaucoup de dispositions problématiques demeurent dans le texte de loi et son fameux « rapport annexé ».Le gouvernement avait annoncé un texte pour lutter contre l’échec scolaire, mais il n’y a pratiquement rien à ce sujet : rien sur le mal-être des jeunes des quartiers et ses conséquences sur leur scolarité, rien sur les moyens pour leur rendre le goût de l’école. Pas de propositions pour élever le niveau de tous les élèves ou pour aider les établissements scolaires des zones en difficulté, mais une sélection accrue entre les élèves en difficulté et les autres. Pas de propositions non plus, pour une véritable politique de lutte contre toutes les formes de discriminations, pour une véritable éducation à l’écologie et au développement soutenable, pour une véritable découverte de la diversité culturelle et la complexité sociale de notre monde. Au contraire, les pédagogies innovantes comme les TPE * ont été abolies.

Le ministre se contente du slogan de « la restauration l’autorité des enseignants » pour toute politique. Ainsi le retour aux redoublements à tous les niveaux est conçu au nom de ce rétablissement de l’autorité des enseignants. Le brevet va désormais prendre en compte une mystérieuse « note de vie scolaire » à part égale avec les autres disciplines. La multiplication des bourses au mérite pour la continuation des études qui s’obtiendront à partir de la « mention Bien » (plus importantes en montant que les bourses sociales), ne va qu’entériner et aggraver les inégalités sociales devant l’école et non les résorber. Quant aux heures de « découverte professionnelle » qui pourraient permettre à tous les jeunes de 3ème de découvrir des métiers auxquels ils n’ont pas forcément pensé et en démystifier utilement d’autres, elles ne seront qu’optionnelles. Elles risquent ainsi d’être réservées, de façon stigmatisante, aux élèves les plus en difficulté, et de se transformer en pré-orientation subie, plutôt qu’en aide à une orientation choisie.

  • Les députés Verts voteront contre ce texte d’arrière-garde.

P.S. :
* Au sujet des TPE :
http://www.philagora.net/tpe/
http://www.ac-versailles.fr/tpe/
http://www.education.gouv.fr/bo/2000/9/ensel.htm