Les faux électeurs remontent à la surface.
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Un système et des figures historiques. Ce matin s’ouvre le procès des faux électeurs du 3e arrondissement de Paris, dix-sept ans après la première plainte. Jacques Dominati, 79 ans, ex-sénateur-maire et personnage de la vie politique parisienne, répondra de « manoeuvres frauduleuses ». Il est suspecté d’avoir truqué les municipales de 1989 et 1995. Quatorze personnes comparaîtront à ses côtés, dont ses fils Laurent, 46 ans, conseiller UMP de Paris, et Philippe, 52 ans, sénateur UMP de la capitale.

L’affaire commence en janvier 1989, juste avant les municipales de mars : la réélection de l’UDF Jacques Dominati est menacée, et le grand chelem que veut réaliser Jacques Chirac à Paris est compromis. Parallèlement, des électeurs portent plainte après les affirmations du Canard enchaîné selon lesquelles la capitale est le théâtre de fraudes. Dominati est finalement réélu, et il faudra attendre 1995 et l’arrivée de la gauche à la mairie du 3e pour que l’affaire décolle vraiment.

L’élu Vert Yves Contassot remet alors au juge des fichiers de faux électeurs, qu’il dit avoir trouvés sur le disque dur d’un ordinateur. Ceux-ci recensent des électeurs avec deux adresses, dont l’une dans le 3e. Des personnes en mal d’appartements ou de places en crèche, des militants, des proches de Dominati auraient été incités à s’inscrire dans le 3e, avec l’appui de la section RPR. Pour 1989, l’enquête recense 327 électeurs indûment inscrits. Dominati n’avait été réélu qu’avec vingt voix d’avance au premier tour.

Yves Contassot, aujourd’hui adjoint au maire en charge de l’Environnement, et qui sera partie civile au procès, souhaite qu’« on réaffirme que c’était un système organisé parisien. Derrière, il y avait quand même l’ancien maire de Paris. » Une autre affaire présumée de faux électeurs a d’ailleurs éclaté depuis, dans le 5e arrondissement.

La longueur de l’instruction – dix-sept ans – sera aussi l’un des éléments forts de ce dossier. Contassot y voit une volonté d’étouffer les affaires touchant des hommes politiques. Jacques Dominati, lui, se plaint d’avoir dû subir « quatre campagnes électorales en étant traité de voleur, de fraudeur, de mafieux, tout ce qu’on veut » à cause de cette lenteur.


P.S. :
Sur le site 20 Minutes